Chaos rising

La blanche neige avait depuis quelques jours recouvert l'ensemble du territoire de Kronosie, des plaines aux nombreux trottoirs des villes, jusqu'aux toits des buildings surplombant la civilisation.
De l'immaculé vira au rouge, alors que le chaos passa la frontière, amenant avec lui ténèbres violence et souffrance.

Deux ombres au masque blanc agressèrent tous les malheureux qui se retrouvaient malencontreusement au travers de leur chemin.
Parfois, tels des chats, elles jouaient avec leurs proies. Elles les laissaient s'achapper, pour mieux les rattraper et les briser.
Parfois, elles se contentent de s'acharner sur leurs victimes, de les écraser comme de vulgaires cafards.

De braquages en cassages, de voitures incendiées en agressions spontanées, tous leurs méfaits furent perpétrés sans ménagement, ni préméditation.
Simplement mû à leur bon vouloir. Sans autre raison que leur liberté de le faire en toute impunité.

- "Allons, allons, ma chère Noire, il est inutile d'insister sur ce bougre. Vous voyez bien qu'il ne bouge plus", s'exclame la plus grande des deux silhouettes masquées, adoptant une posture des plus raffinées.
- "Et donc, M'sieur Gilles ? Si je veux taper encore, je tape encore", répond la plus petite alors qu'elle abat encore et encore sa batte noire sur le corps d'un policier gisant sur une petite route pavée, le corps disloqué par autant de coups infligés avec la plus grande sauvagerie. "Rien m'en empêchera, je suis LIBRE !"
- "Certes, mon amie, certes. Et votre style tout à fait exacerbé vous va à ravir, ouh ouh ouh ! Cependant, Je ne peux que vous conseiller de ne point gaspiller toute votre énergie à peine notre entrée dans cette contrée ? Après tout, une foultitude de possibilités nous attendent en son sein, ouh ouh ouh !"
- "Oh oui oh oui !", s'esclaffe la petite en faisant de grands et amples gestes des bras, tournoyant allègrement sa batte maculée de sang au-dessus de sa tête. "Plus de jouets à casser ! Plus d'os à briser ! Plus d'esprits à détruire ! Toujours PLUS ! Ah, qu'il est bon d'être libre, hein M'sieur Gilles ?"
- "Certes, certes, ma chère Noire", approuve le mystérieux dandy en ajustant son chapeau haut-de-forme vissé sur le sommet de la tête. "Impossible pour ma personne de réfuter vos dires. La liberté, une notion inestimable une fois que nous y avons goûté. Nous ne pouvons que remercier Monsieur Lyne de nous avoir délivrés de Son joug. Que la Providence soit pour ce grand homme !"
- "Amen, M'sieur Gilles !", confirme la petite silhouette en brandissant bien haut sa batte. "Propageons sa bonne parole ! Cassons des gueules et amusons-nous sans chaînes pour nous retenir !"
- "En effet, très chère amie. Ne nous attardons pas plus longtemps, d'autres opportunités de divertissement nous attendent."
- "Yep !"

Deux silhouettes marchèrent côte à côte, en un parfait diapason au son de la discorde. Le chaos, cette nuit-là, venait de prendre une nouvelle forme.
Celle de cet étrange duo au caractère opposé.

L'une arborait toute l'attitude et la prestance d'un gentilhomme aux manières sophistiquées et au verbe soutenu, avec tout de même le tic désagréable de finir ses répliques par un gloussement se rapprochant du hululement de hibou. Un homme suffisamment grand pour dépasser d'une tête la plupart des hommes, avec toute la panoplie des gens de la haute : un costume trois pièces agrémenté d'une splendide redingote, de chaussures de cuir parfaitement cirées et surtout d'un splendide chapeau haut-de-forme. Le gilet, les gants de cuirs ainsi que les chaussures contrastaient avec la noirceur du reste de la panoplie par leur blancheur immaculée. La tête entièrement cagoulée de noir arborait au niveau du visage un masque aussi blanc que la neige si ce n'est un simple pictogramme noir représentant un large sourire parfaitement courbé, ainsi que deux yeux fermés de manière à présenter le faciès simpliste d'une expression des plus joyeuses.

Spoiler:

L'autre ombre présentait une démarche et des formes plus féminines. Plus petite, mais plus élancée, tout dans son accoutrement respire une volonté de rébellion. Tout de noir vêtue, elle arbore la parfaite panoplie de la délinquante dérangée propice à l'anarchie la plus complète. Jean's rapiécé, gros rangers usés, veste de cuir clouté effilochée, seul son T-Shirt troué et ses gants ressortent du lot par un rouge sanguin. Tout comme son comparse, sa tête entièrement cagoulée était affublée d'un masque, mais contrairement à l'autre, ce masque était peint en rouge, avec des croix noires en guises d'yeux et un sourire mauvais grossièrement tracé en noir à la place de la bouche.

Spoiler:

Dans leur sillage, tout n'était plus que flammes, sang et destruction, panique et anarchie.
Tracez leur parcours ponctué d'innombrables agressions, extrapolez leur trajet.
Alors leur destination vous paraîtra aussi claire et limpide que l'eau de source.
Un lieu de perdition, une arène rongée par la discorde.

Un endroit rêvé pour Ces deux individus prêts à semer encore plus de chaos au sein de cet édifice dédié au spectacle violent.

- "D'la baston ! Grosse baston ! Nous y voilàààà !"
- "Assurément, mon amie, ouh ouh ouh !"

Le noir complet, rien qui ne permet de distinguer quoi que ce soit. Seules deux voix se font entendre.

- "Il est cassé, M'sieur Gilles ?"
- "Nullement, ma chère Noire. Voyez comme son abdomen bouge, ouh ouh ouh !"
- "P't'être qu'il a des vers qui grouillent ! J'veux vérifier !"
- "Chaque chose en son temps, mon amie. Il nous faut nous introduire auprès de la direction de ce merveilleux endroit, ouh ouh ouh !"
- "Ouais, okay. Attends, ya plein d'sang sur l'objectif. J'vais nettoyer vite fait."

L'image, finalement, se forme au fur et à mesure que l'objectif de la caméra est débarrassé de ce qui obstruait la vue. Du liquide rouge, dont les vestiges entachent encore la vision qu'offre l'appareil vidéo. mais clairement, l'image qu'il diffuse nous montre ce qui s'apparente fortement à un local technique désert, mis à part deux silhouette surplombant l'appareil. Deux individus de noir vêtus, arborant pour seuls visages des masques à l'expression figée. L'un est rouge avec un rictus démoniaque, l'autre est blanc et souriant. Le premier s'apparente à une femme de petite taille aux courbes bien définies, munie d'une batte sur laquelle est greffée plusieurs fils barbelés suitants de sang frais. Le deuxième affiche une apparence plus raffinée, tout en hauteur et en noblesse avec sa redingote et son chapeau haut-de-forme, le tout impeccablement agencé.

- "Bien le bonjour, peuple de Kronosie !", commence à dire le noble en levant brièvement son chapeau dans le plus pur style de la haute.
- "S'lut les mecs !", s'exclame la femme au look beaucoup plus anarchique tout en s'accroupissant de manière à se rapprocher de la caméra.
- "Chers membres de la Direction de cette humble arène, je suis porteur d'un message à l'attention de l'ensemble des effectifs de votre entreprise, de la part de notre estimé leader Mr. Lyne."
- "Ouvrez grand les écoutilles, mes jouets ! M'sieur Gilles va parler !"

Le mystérieux dandy se racle la gorge afin d'éclaircir sa voix, puis extirpe de sa redingote un manuscrit qu'il déroule de manière solemnelle.


- "Alleluia, M'sieur Gilles ! Et la fiesta commence maintenant, mes p'tits jouets !"

La femme pousse un rire hystérique avant de prendre brutalement la caméra et de braquer l'objectif sur un corps gisant au sol. A en juger par ses vêtements maculé de sang et de l'insigne FGB sur la poche de sa chemise, la malheureuse victime est certainement un employé du service technique ayant croisé malencontreusement l'étrange duo.

- "Mes chers amis, l'heure est venue de nous immiscer dans votre petite sauterie du moment, ouh ouh ouh !"
- "Ouiii ! Cassons du jouet ! J'veux m'amuser ! Les taper ! Libre de les briser ! Bam bam ! J'veux du SANG !"
- "Votre enthousiasme m'enjaille au plus haut point, très chère Noire, ouh ouh ouh ! Mais dois-je vous rappeler de ne point vous précipiter ? Après tout, notre prochain invité devrait bientôt nous rejoindre. Il serait fort domaggeable de ne point lui céder une part de ce fabuleux festin, ouh ouh ouh !"
- "Hey, j'y peux rien si les premiers jouets sont si fragiles !"
- "Certes, mon amie, certes ! Mais soyez sans crainte, vous allez bientôt vous en donner à coeur joie face à des adversaires plus entraînés. Tout cela est follement amusant, ouh ouh ou !"
- "J'espère bien ! j'vais vite m'ennuyer si j'trouve que d'la camelote !"

Soudain, la femme au faciès diabolique se tourne face à l'objectif, remplissant toute l'image.

- "J'arrive, mes joujous !"

Et l'image s'arrête brusquement lorsqu'elle fait exploser la caméra par un homerun appliqué.

Un petit air de comptine s'élève dans les couloirs les plus sombres de la FGB. Dans une salle peu fréquentée, uniquement éclairée par des bougies, les portraits de chacun des membres du roster de la compagnie de lutte sont placardées contre un mur. Tour à tour, l'extrémité sanglante d'une batte de base-ball entourée de barbelée s'appuie sur chacun d'eux en récitant les paroles de la comptine. Une tête se voient désignées au bout d'un moment.

- "Oui ! Pas trop mal pour un début de casse-croûte, M'sieur Gilles !", s'exclame Noire en un rire gras. "Mais s'pas suffisant ! J'veux plus de jouets ! Plus ! PLUS !"
- "Ma chère amie, rien ne vous empêche de choisir plusieurs de ces âmes égarées, ouh ouh ouh !"
- "Ouiii ! Toujours PLUS ! Mais j't'en laisse une 'tite part, M'sieur Gilles !"
- "Quelle délicate attention de votre part, très chère Noire ! J'accepte volontiers votre proposition, et vous laisse tout le loisir de désigner notre menu du jour, ouh ouh ouh !"
- "C'parti !"

Ce fut quelques heures avant le début d'un grand show portant admirablement bien son nom : Rising Hell.

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Panique au sein du pôle vidéo de la FGB ! Les mystérieux individus affublés de masques rappelant furieusement la Comedia dell'Arte ont fait irruption dans la régie, disposant de la sécurité avec aisance et prenant en otage les techniciens.

- "Bien le bonjour, cher amis ! Nous nous permettons de réquisitionner votre matériel car nous avons un message à faire passer, ouh ouh ouh !"
- "Plus ! plus ! PLUS ! J'veux toujours plus de jouets !"
- "Chaque chose en son temps, ma chère Noire. Il va de notre devoir d'avertir la population de nos intentions, ouh ouh ouh !"
- "Bah c'déjà fait ! BLAM ! CRAC ! BOUM ! On casse tout et on s'amuse avec les pièces détachées ! Et on r'commence !"
- "Allons ma chère ! Votre enthousiasme est certes admirable, mais prendre le temps de déguster un met demeure le meilleur moyen de l'apprécier, ouh ouh ouh !"
- "Bah en attendant, j'vais m'amuser avec eux."
- "Laissez donc quelques-uns de ces merveilleux vermisseaux faire en sorte que notre missive atteigne la destination souhaitée, ouh ouh ouh !"
- "Ouais ouais."

Alors que la petite démone s'accapare l'un des techniciens apeurés et l'emmène dans un coin - et nous allons censurer ce qu'il s'y passe pour éviter de choquer les âmes sensibles, mais à entendre les diver cris et craquements, je vous laisse imaginer le traitement que le pauvre employé a droit -, l'étrange dandy masqué se place devant l'objectif d'une caméra préparée pour l'occasion par deux autres salariés trop effrayés pour se rebeller.

- "Chers amis de la FGB, permettez-moi de nous introduire auprès de vous. Je me nomme Gilles d'Oneval, et vous avez pu faire également connaissance avec ma chère amie Noire Geldaro. Nous sommes ce que nous pourrons aisément qualifier de première ligne de front. Des éclaireurs en quelque sorte, ouh ouh ouh ! Car voyez-vous, cette merveilleuse institution, de par sa forte disposition à l'affrontement et le chaos, a sans mal attiré notre attention. Aussi vais-je clarifier les choses concernant l'ensemble des convives présents en ce lieu, qu'ils soient simples larbins ou membres du comité directeur : une expérimentation sera menée ici-même, à la FGB, et vous en serez tous les cobayes. Nous irons où bon nous semblera, frapperons n'importe lequel de vos sujets comme il nous plaira, ouh ouh ouh ! Il est évident que certains parmi vous essaierons de se dresser face à nous, mais vos efforts pour nous expulser seront voués à l'échec, croyez-le ! Sachez, mes doux agneaux, que vous êtes - chacun d'entre vous - les pions d'un plan qui vous dépasse. Nous serons les premiers à façonner cette terre en vue d'une récolte saisissante, ouh ouh ouh ! Nous sèmerons les premières graines aux dépens de certains d'entre vous, au nom de l'Eveil. Nous avons d'ailleurs déjà entamé la plantation. Vous ! Oui, vous ! Messieurs Thanatos et Immortel ! Et vous, Monsieur et Madame Filmore ! Vous avez été choisis pour être la première fournée d'engrais, ouh ouh ouh !"
- "Mes premiers vrais jouets ! Oui ! Oui !"
- "Allez donc, très chère Noire ! Il est grand temps de nous divertir ! Votre premier arrivage de jouets vous est servi sur un plateau, ouh ouh ouh ! Je vous prierai de laisser à l'humble personne que je suis une petite part, ouh ouh ouh !"
- "Pour sûr, M'sieur Gilles ! A deux c'est deux fois mieux !"
- "Rappelez-vous, mes chers agneaux : nous sommes les Eveillés, et de notre réunion débutera l'Ascension !"
- "Courez, mes p'tits jouets ! COUREZ ! COUREZ !"

Et la vidéo s'arrête brutalement lorsque la petite démone arrache littéralement la caméra pour la fracasser sur le crâne d'un technicien.

Le son d'un boucan étouffé est perçu à travers une porte dans les couloirs de la FGB plongée dans la pénombre. Une grand silhouette se dessine sous les quelques spots de signalisation estampillés EXIT, seules lumières pouvant éclairer la scène. Affublé d'un chapeau haut-de-forme, un masque blanc cachant son visage, Gilles attendait sagement que la tempête se calme de l'autre côté de la porte. Remarquant la caméra dont l'objectif était braqué sur lui, le mystérieux dandy se tourne vers le valeureux - ou inconscient - technicien, claquant le bout de sa canne contre le sol.

- "Bien le bonsoir, mon agneau ! Veuillez excuser ce brouhaha tout à fait gênant, mais ma chère amie Noire se devait d'évacuer comme il se doit toute la frustration accumulée de ne point se divertir comme elle le désirerait, ouh ouh ouh ! Mais n'ayez crainte, une fois qu'elle franchira cette porte, elle ne portera aucunement la main sur vous, parole de gentleman, ouh ouh ouh !"

Bien en face du caméraman, les deux mains posées sur le pommeau ouvragé de sa canne, il ajoute.

- "Mes chers agneaux, vous l'aurez compris, nous décidons du moment où nous apparaissons, comme bon nous semble. Mais il est vrai que certains parmi vous ont un certain potentiel, du moins pour suffisamment nous divertir, ouh ouh ouh ! Sachez cependant que, aussi amusant que vous puissiez l'être, vous ne pourrez stopper notre ascension. Aussi nombreux que vous soyez, vous ne pourrez faire barrage face à notre destinée. Et quiconque ose s'interposer... et bien je laisse libre cours à votre imagination fertile, ouh ouh ouh ! Oh, il semblerait que notre chère amie Noire ait fini d'évacuer toute sa colère."

Effectivement, le boucan s'estompe, et le calme revient. La porte s'ouvre, et une petite silhouette féminine apparait, affublée d'un masque rouge au faciès démoniaque.

- "Avez-vous terminé, très chère ?"
- "Ouais. C'va mieux, M'sieur Gilles. Mais j'veux quand même mettre la main sur mes jouets !"
- "Chaque chose en son temps, ma chère Noire ! Laissons d'abord nos estimés agneaux mijoter dans leur bouillon avant de nous en délecter. Ils n'en prendront que plus de saveur, ouh ouh ouh !"
- "Vous m'donnez faim là, M'sieur Gille. Et c'est qui c'gus ?"
- "Cette courageuse personne que vous voyez là nous a gentiment permis de délivrer un message de la part de nos chers agneaux. J'espère d'ailleurs que vous même avez pris soin d'y apposer votre patte, ma chère Noire, ouh ouh ouh !"
- "Et pas qu'un peu, M'sieur Gilles ! J'en avais marre de pas pouvoir casser du jouer ! La prochaine fois, vous m'les laissez ! D'ailleurs, j'peux m'occuper d'lui ? Y m'paraît bien juteux."
- "Vous m'en voyez navré, ma chère Noire, mais j'ai promis à cet homme que vous ne lui ferez aucun mal."
- "On va l'laisser s'casser ?"
- "Allons, très chère ! Vous me connaissez mieux que cela ! J'ai bien spécifié que VOUS ne lui ferez aucun mal, ouh ouh ouh !"
- "Ooooh bien bien, M'sieur Gilles ! Allez, régalez-vous ! J'veux voir ça !"

L'objectif commence à trembler, le caméraman vient de comprendre ce qui allait se passer alors que l'étrange dandy au masque souriant s'approche de lui, sa canne prise à deux mains tel un gourdin. Et les coups pleuvent, des bruits sourds, des impacts lourds alors que Gilles pousse une guillerette chansonnette pendant l'atroce passage à tabac. Après un long et insupportable moment de violence gratuite, l'homme en redingotte se redresse, essuyant tout le sang maculant sa canne avec les restes des vêtements de sa victime. Noire se met alors juste devant l'objectif fixe de la caméra qui tourne encore.

- "Courez, courez, mes p'tits jouets ! Tatie Noire va vous attraper !"

Puis elle s'éloigne et les deux Eveillés partent enfin, disparaissant au loin. Sur la porte d'où émanait le vacarme, une inscription : "FILMORE".

En ces temps de confinement, l'arène de la FGB n'est plus qu'une salle vide, plongée dans le noir et le silence. Ou presque, car deux silhouettes se trouve au beau milieu du ring. Des silhouettes bien connues ces dernières semaines, elles qui hantent les coulisses et l'arène par leur comportement chaotique et agressif. Les étranges Eveillés font face à la caméra, Noire accroupie devant un Gilles au port bien droit, les deux mains posées sur le pommeau de sa canne. Les traits de leurs masques dans la pénombres sont plus inquiétants que jamais.

- "Mes chers agneaux, l'heure se rapproche, et même une pandémie n'arrêtera notre ascension, ouh ouh ouh ! Et vous tous, qui bravez la maladie pour venir ici-même, sur ce magnifique ring. Vous, qui osez croire que le confinement gênerait notre quête. Vous qui vous bercez de tant d'illusions et autres rêves utopiques. Vous êtes à nos yeux un divertissement formidable. Des outils à notre disposition, ouh ouh ouh !"
- "Joueeeeets... JOUEEEEEETS ! PETITS JOUEEEETS ! TATA NOIRE VA PASSEEEEEEEEER ! HAHAHAHAHA !"

L'attitude de Noire apparaît extrêmement inquiétante, la tête tanguant lentement de droite à gauche, sa batte posée sur ses genoux. Gilles, quant à lui, reste d'un flegme absolu. C'est d'ailleurs lui qui reprend la parole.

- "Et pourtant, il existe parmi vous quelques brebis galeuses, et nous allons faire fort de les éradiquer."
- "Destroyeeeer... Destroyeeeer..."
- "En particulier cet homme au nom plus qu'évocateur. Du moins en théorie, ouh ouh ouh ! Un PAR-FAIT petit mouton noir que nous donnons un point d'effort à expulser de notre sol. Il s'avère par ses propres mots être un vétéran, un lutteur d'expérience. Mais voyez-vous, mes chers agneaux, ses paroles à notre encontre fleurent bon le parfum de contradiction enfantine d'un pauvre homme auquel la capacité de raisonnement de son cerveau s'est arrêté à l'étape d'adolescent prépubère adepte du lait aux anabolisants, ouh ouh ouh ! Cher monsieur Destroyer, votre sens de la morale pourrait faire mouche pour des enfants de moins de dix ans d'âge, car votre élocution est comparable à la capacité de s'exprimer de ces charmants bambins : tout à fait approximative et trop simpliste pour espérer vous prendre au sérieux, ouh ouh ouh !"
- "Un jouet, rien qu'un vulgaire petit JOUET à casser !"

Alors que d'habitude Gilles reste stoïque, le voilà qui se met à rire aux éclats. Un rire aussi inquiétant que moqueur.

- "Comparer ma chère amie Noire à un enfant est une autre preuve irréfutable de votre incapacité à raisonner convenablement. En plus de votre faible acuité visuelle, vraisemblablement, ouh ouh ouh ! Alors ouvrez bien grand vos yeux de bovin faisandé et regardez bien les atours de ma chère amie Noire. Voyez cette chevelure soyeuse ! Cette silhouette féminine ! Ces mamelles bien proportionnées, ouh ouh ouh !"
- "M'sieur Gilles..."
- "Oh mais je digresse, je digresse ! Ma chère amie, je vous laisse la bonne parole !"
- "Destroyer, Destroyer, j'n'ai rien à foutre que tu sois un vétéran, un lutteur ou un vieux croulant. j'm'en carre le coquillard qu'tu sois plus costaud qu'moi. Quand j'veux m'amuser avec un jouet, j'demande pas la permission à qui qu'ce soit. J'me sers, point ! Et comme t'as pas très bien compris l'message, vu ta cervelle plus que ramollie, j'vais m'faire un GROS plaisir à t'l'enfoncer dans ton crâne d'oeuf à coups de batte. J'te briserai les genoux au point de t'retrouver avec les os en poudre. Et lorsque tu ramperas, j'te casserai les doigts à en faire de la purée. Puis j'démonterai toutes tes articulations des bras pour qu'tu puisses chanter la sérénade de la douleur en chialant comme une mad'leine. Puis j'arracherai ta putain d'langue parce que j'commence déjà à en avoir plein l'roubignoles de ta voix de chiard démoulé du bulbe. T'crois qu'en t'appelant Destroyer tu t'sens plus fort ? Qu'tu vas m'ramasser à la petite cuillère dans un street fight ? HA ! Pauvre abruti, j'n'ai pas b'soin d'un match à stipulation pour venir t'casser tous les os de ton putain de corps ! J'n'ai pas b'soin d'armes pour te faire tomber d'ton piédestal en t'pétant les genoux ! T'es mon jouet, p'tit Destroyer ! MON JOU-ET ! Et j'ferai ce que j'veux de toi. En vie ? Entier ? En lambeaux ? J'le déciderai comme je veux, quand je veux, ou j'veux. PAR-CE QUE JE VAIS TE CA-SSER, DESTROYEEEEEEEEEEEEER !"

Elle pousse un rire purement démoniaque, à glacer le sang. Puis elle fixe soudainement la caméra en prenant à deux mains sa batte barbelée.

- "Cours, petit jouet. COURS !"

Noire met brusquement fin à la vidéo par un magistral coup de batte sur l'objectif.

- "Ah, le Festival du Printemps ! Quelle occasion RE-VEE de louanger la vie et la nature, de chanter notre amour des fleurs et des oiseaux, ouh ouh ouh !"
- "Et d'les casser, les piétiner, les écraser, leur tordre le cou !"

Au beau milieu d'un parc à l'abandon qu'éclaire faiblement les rayons d'argent de la lune au premier quartier, un grincement régulier tranche dans le silence des environs. Là, adossé contre un portique en acier rongé par la rouille se tient un homme de haute stature aux allures de dandy distingué. Seul un masque blanc au sourire enjoué dissimule entièrement les traits du visage de cet étrange individu. Une de ses mains agrippe une canne finement ouvragée tandis que l'autre tient une rose d'un rouge chatoyant. L'homme n'est cependan pas seul. Sur une balançoire décrivant un quart de cercle d'arrière en avant accompagné du grincement de tout à l'heure généré par le frottement de deux parois de métal rouillé, se tient une autre personne, plus petite et d'aspect féminin qu'un masque rouge au sourire démoniaque empêche d'identifier pleinement. Se balançant en position debout, elle chantonne un petit air printanier aux paroles volontiers dérangeants.

- "Une période faste et prospère, un bon prétexte à l'arrivée de nouveaux petits agneaux dont il faut bien s'occuper, ouh ouh ouh !"
- "A manger, petits jouets ! C'est l'heure d'la pâtée !"
- "Messieurs Destroyer et Monster aux sobriquets ronflants se prétendent devant nous, pensant nous intimider en proférant moultes insultes et autres propos au caractère bien trop enfantin pour en apprécier leur justesse. Comment pourrions-nous vous prendre au sérieux lorsque votre expression orale est aussi misérable et peu riche qu'un nourrisson balbutiant quelques mots ponctués de "ah" et "oh" ? Devrions-nous nous contenter de percevoir en vous la caricature même de brutes sans cervelle ? Ouh ouh ouh ! Et bien soit ! Puisque la finesse n'est pas votre fort, amusons-nous à s'envoler dans les sept cieux de la violence ! Dansons sur une mare de notre sang versé dans l'allégresse du combat, ouh ouh ouh !"
- "Du sang ! Du SANG ! QU'ON S'DEFOULE ET QU'ON S'DEFOURAILLE ! A GRANDS COUPS DE BATTE-BATTE ! J'vais m'éclater comme jamais à torturer mes joyeux p'tits jouets ! Sont marrant ces guignols, y croit que chuis bonne à finir au trou ! BREAKING NEWS, bande de démoulés du bulbe ! Absolument RIEN va m'arrêter ! Les coups d'pelle ? J'me relève et j'vous en fous une en double ! Vous m'enterrez ? J'en r'ssortirai pour vous plonger dans l'ciment ! Du sang ? OUI ! D'la douleur ? OUI OUI OUI ! D'LA BASTON ! J'VEUX CES JOUETS POUR LES CASSER ! Hein m'sieur Gilles ! Vous m'les laissez, hein ? POUR MOI TOUT' SEULE ! NYAHAHAHAHA !"
- "Il va de soit, ma très chère Noire, ouh ouh ouh ! Je m'assurerai de la bonne marche de ce combat en boutant cet hilarant et supposé monstre accompagnant habituellement ce cher monsieur Destructeur pour vous laisser tout le loisir de vous divertir en toute liberté, ouh ouh ouh !"
- "Ouiii ! Des jouets par milliers ! On va s'faire la main sur des vieux trucs avant ça ! J'ai hâte de pouvoir déchirer leur peau flétrie pleine de gras ! J'vais pouvoir recoudre mon oreiller avec leur chair molle ! DES VIEUX JOUETS A CASSER ! J'VAIS LES REDUIRE EN MIETTES !"
- "Votre engouement est admirable, ma chère Noire. Un réel plaisir que de vous voir à l'oeuvre au milieu du chaos, ouh ouh ouh ! Mais veillez tout de même faire preuve de plus de raisonnement concernant nos adversaires de la semaine prochaine. Nous allons avoir l'honneur de faire face à deux vétérans de la FGB au palmarès plus qu'admirable !"
- "Rien à foutre ! C'sont tous que des jouets pour moi ! J'tordrai le cou de ce héros d'pacotille AVEC SA PROPRE CAPE ! Pis l'aut' ancêtre va pas faire long feu face à nous, hein M'sieur Gilles ?"
- "Et que souffle le vent de la discorde. Mais sentez-vous cette brise emplie de fureur, ma très chère Noire ?"

Les deux étranges individus semblent humer l'air environnant de manière parfaitement coordonnée.

- "Hi hi hi ! Oui, M'sieur Gilles ! Oui oui oui ! Il s'est réveillé ! IL VA TOUT CASSER !"
- "Nous avons encore le temps, ma chère amie. Quant à vous, mes chers agneaux, profitez donc du temps qu'il vous reste pour continuer de nous divertir ! Vous jouez parfaitement votre rôle d'animaux de compagnie, ouh ouh ouh !"

La caméra s'approche d'une Noire descendue entre-temps de sa balançoire pour prendre en main sa batte de base-ball barbelée. Elle fixe l'objectif, penche la tête légèrement sur le côté.

- "Cours, petit jouet ! COURS !"

Et pendant que Gilles détache les pétales de la rose une à une en scandant "un peu... beaucoup...", Noire se précipite vers l'objectif pour couper court à la vidéo par un énorme coup de batte.

- "J't'avais dit d'me laisser faire, M'sieur Gilles ! J'voulais mon jouet pour moi toute seule !"
- "Allons, très chère Noire, je n'ai fait que vous laisser tout le loisir de vous divertir en empêchant le partenaire de votre adversaire d'intervenir, ouh ouh ouh !"
- "Bah ç'aurait fait DEUX jouets à casser !"

Juchés sur les échafaudages surplombant le ring de l'Arena Macabra, deux silhouettes désormais familières contemplent le vide laissé par la pandémie. Un couvre-feu qui ne semble pas vraiment distraire les deux étranges individus munis de masques. Ne semblant nullement affectés par le mal des hauteurs, ils vont et viennent sur les rampes d'acier comme s'ils déambulaient en pleine avenue.

- "Z'avez tous gâché mon plaisir, là ! J'voulais bouffer du Destroyer bien saignant ! Puis après l'avoir bien épuisé, j'comptais lui briser les rotules, et puis ses putain de grosses chevilles ! Ses doigts, ses poignets, ses coudes ! TOUTES SES PUTAIN D'ARTICULATIONS ! J'voulais l'voir ramper comme un chiard en manque de lait ! Le voir pisser du sang mélangé à ses sanglots ! Et parce que vous avez crû bon d'intervenir, toi et l'autre taré de Monster, MON JOUET S'EST BARRE ! Ca m'a soulé, et j'me suis cassé. Mais vu c'que ce guignol de Destroyer a dit après, j'aurais jamais dû partir, bordel ! J'L'AURAIS ACHEVE ! Il dit qu'il a tout donné ! C'EST TOUT C'QUE T'AVAIT, DESTROYER ? En fait t'es qu'un p'tit jouet défectueux, une sombre merde qui arrive même pas à m'tenir tête ! T'as intérêt à t'reprendre, Destroyer ! T'as intérêt à t'surpasser ! PARCE QUE J'VEUX MON JOUET FONCTIONNEL POUR L'CASSER !"
- "Ma chère amie, comme vous y allez ! Laissez donc ces chers agneaux se faire la main face à nous nouveaux champions par équipes. Je suis persuadé que messieurs Kronos et Mask Marvel vont nous faire un grand plaisir d'attendrir leur viande, ouh ouh ouh !"
- "Et on pourra les casser ?"
- "Avec autant de délicatesse dont vous avez l'habitude de faire preuve, chère amie ! Mais si par un heureux hasard nos chers agneaux de la Hell Legion réussissent à ravir les titres par équipes, voilà donc une occasion rêvée de répandre le chaos en leur prenant leurs précieuses ceintures dans la volée, ouh ouh ouh ! Imaginez, ma très chère Noire : avec les titres, tous ces agneaux s'empresseront de venir à nous dans l'espoir futile de les récupérer pour eux-mêmes. Autant de jouets rien que pour vous, ma chère Noire, ouh ouh ouh !"
- "Chic chic chic ! Plein de jouets rien qu'pour moi ! J'aime ce plan, M'sieur Gilles ! J'ADORE CE PLAN !"
- "Mais pour cela, il vous faudra faire preuve de patience, très chère. Notre heure viendra. Pensez qu'il nous faudra bientôt accueillir notre prochain invité de surcroît. Il a, j'en suis persuadé, senti le merveilleux bouquet de la violence. Il viendra ici, soyez certain de cela, ouh ouh ouh !"
- "Un compagnon d'jeu ! Oui oui oui ! Est-ce que c'est le Grand Neuneuf ? Hein ? Dis dis dis ?"
- "Il est fort probable, ma chère amie !"

Noire sautille sur place telle une enfant à qui lui est proposé un sachet de délicieux bonbons. Gilles, quant à lui demeure aussi inflexible qu'un garde royal britannique, regardant sa partenaire exploser de joie. Mais son attention est attirée par une autre présence venant tout juste d'entrer dans l'arène. Une femme plus grande que la normale, aux longs cheveux rouges, s'installant sur le ring en compagnie d'un caméraman.

- "Tiens tiens", murmure l'étrange dandy tout en signalant à sa partenaire d'un geste de la main de ne plus faire de bruit. "Mais ne serait-ce pas cette chère Rouge ? Intéressant. Veuillez ne plus faire un seul bruit, chère Noire. J'aimerais beaucoup entendre ce qui se trame."

Les deux Eveillés s'installent alors, elle bien assise sur la rambarde, lui toujours debout appuyé sur sa canne. Ils écoutent attentivement le discours de l'athlétique femme rousse, buvant chaque mot jusqu'à ce que la lutteuse en ait terminé, ressortant de l'arène en compagnie du caméraman. Lorsqu'elle disparaît enfin, Gilles pousse alors un rire strident à en glacer le sang, suivi du rire plus démoniaque de Noire.

- "Et bien et bien, ma chère Rouge, me voici très impatient de vous voir à l'oeuvre, ouh ouh ouh !"
- "Un nouveau petit jouet !"
- "Non ! Laissez donc à Rouge tout le loisir de s'exprimer dans sa noble quête. Nous avons mieux à faire que de lui mettre les bâtons dans les roues. De plus, par un heureux hasard, elle nous aide dans nos plans sans même s'en soucier. Une belle ironie, un délicieux quiproquo grâce à notre merveilleuse Rouge, ouh ouh ouh !"
- "Oww, vraiment pas ? Même un tout petit bras ?"
- "Non !"

La réaction surprenante de sérieux de Gilles fait sursauter une Noire incrédule.

- "Ca va, t'fâche pas, M'sieur Gilles ! J'peux m'en passer, tant que j'ai d'autres jouets à casser !"
- "Patience, ma chère Noire. Patience. Tout se déroule selon le souhait de Monsieur Lyne. Bientôt. Très bientôt, mes chers agneaux."
- "Hihihi, qu'ils courent dans tous les sens, mes petits jouets ! COUREZ !"

- "Aaaaaaaaalice ! Aaaaaaaaaaaaalice !"

Une petite silhouette féminine surplombe l'arène, accroupie sur les échafaudages à plusieurs dizaines de mètres au-dessus du ring. Une batte barbelée se balance dans le vide, tenu par une des mains de l'étrangère au masque démoniaque. Aussi étrange que cela puisse paraître, Noire se trouve seule.

- "Alice s'est-elle perdue dans son pays des merveilles ? J'attends ! OUI ! J'ATTENDS ! Est-elle cassée ? TROP FRAGILE ! Qui crois-tu être ? LA REPONSE, ALICE ! J'ATTENDS ! Non. Pas de réponse de la belle au bois ronflant. BAM ! BAM ! BAM ! Alice kapout ! Alice est comme ces petits jouets qui se croient incassables. NON, ALICE ! T'es PAS une des nôtres ! BAM ! J'ai cassé Alice ! BAM ! BAM ! BAM ! CASSE PETIT JOUET ! Une anomalie ! Un pantin défectueux ! BRISE EN MILLE MORCEAUX ! AHAHAHA ! AHAHAHA !"

Un rire gras, stressant, faisant froid dans le dos. La femme masquée fixe soudain la caméra.

- "Alice n'est pas intéressante ! Pas amusante ! Pas divertissante. J'ai cassé ce jouet inutile. Poubelle, Alice ! Mais maintenant je m'ennuie. Et quand Noire s'ennuie, elle se trouve un nouveau jouet. Non ! DEUX JOUETS ! Deu bons gros jouets qui résistent pour que ça dure plus longtemps ! OUI OUI OUI ! Du bon chocolat suisse ! Du marin salé ! Des costauds qui ont prouvé qu'ils sont pas fait avec du verre. Surtout le Gaillard ! Je VEUX ce jouet ! Je veux danser dans l'arène du chaos avec ce champion !"
- "Votre souhait sera bientôt exaucé, ma chère Noire, ouh ouh ouh !"

Alors qu'on pensait Noire toute seule, une autre ombre s'approche, plus grande, au port altier. Lui aussi porte un masque, blanc au sourire inquiétant.

- "M'sieur Gilles ! T'étais passé où ?"
- "Ma chère amie, Je devais semer les premières graines pour l'arrivée de notre prochain invité, ouh ouh ouh !"
- "Il vient quand ? IL VIENT QUAND ?"
- "Patience, patience ! Il est en route. Mais en attendant sa venue, nous devons nous occuper de lui signaler le chemin. Et pour cela, nous allons faire ce que nous savons faire le mieux : semer la discorde, ouh ouh ouh ! Frapper là où personne ne nous attend ! Répandre la discorde afin qu'ils ne puissent plus se sentir en sécurité. Ces agneaux doivent craindre pour leur vie, et se regrouper tel un troupeau, ouh ouh ouh !"
- "J'peux bouffer le chocolat suisse ?"
- "Il est tout à vous, ma chère amie ! Bien entendu, je serai présent pour veiller sur vous, ouh ouh ouh !"
- "Ouais, j'veux pas d'sel marin dans mon festin !"
- "Cela va sans dire, chère amie ! Nous devons provoquer notre arrivée au sein du clou de leur spectacle, pendant que tous fêtent l'Honneur et la Gloire, ouh ouh ouh !"
- "Only. One. SURVIVE ! PLEIN de JOUETS ! Il FAUT que j'en sois ! C'est la cerise sur le gâteau ! La fiesta du sang !"

Les deux étranges individus se mettent à rire de bon coeur, un mélange plutôt indigeste pour la santé mentale d'autrui. Puis ils s'arrêtent d'un coup et fixent longuement l'objectif.

- "J'peux l'fracasser, M'sieur Gilles ?"
- "Mais bien entendu, ma chère amie ! Je dirai même plus : l'envie de partager votre enthousiasme est telle que je vais également participer à cette petite sauterie, ouh ouh ouh !"
- "A toi l'honneur, m'sieur Gilles !"
- "Je n'en ferai rien ! A vous donc !"
- "Bordel, t'vas taper l'premier !"
- "Puisque vous insistez, ma chère Noire, ouh ouh ouh !"

Et c'est ainsi qu'un pauvre caméraman et son coûteux appareil se voient ainsi proprement molester par les deux Eveillés.

Une nouvelle vidéo vient d'être diffusée sur la chaîne YouTube de la FGB. Elle repasse le moment où Elena Irons se fait malmener par Noire, puis l'image se coupe pour montrer cette fois l'arène vide, et surtout une grande silhouette noire affublée d'un masque blanc.

- "Ceci est un message pour vous tous, mes chers agneaux de la FGB. Une piqûre de rappel et un avant-goût de ce qui se passera si vous interférez dans nos petites affaires, ouh ouh ouh ! Notre bien aimée Rouge a reçu ce message, et à HONOR & GLORY, le message sera passé à ce cher marin et cet estimé suisse. Il est temps pour vous tous de montrer au grand jour ce qu'il en coûte de nuire aux plans de Monsieur Lyne. Et Monsieur Lyne a vraiment, VRAIMENT une sainte horreur d'apprendre que des parasites provoques des accrocs à ses plans. Mais ne vous inquiétez pas, mes chers agneaux, nous allons bien s'occuper de vous, ouh ouh ouh ! Après avoir disposé comme il se doit de nos chers Marins Neutres, nous nous inviterons à cette fort joyeuse sauterie qu'est le Only One Survive. Débutera alors un grand spectacle de sang et de douleur orchestré par ma chère Noire sous ma propre supervision, ouh ouh ouh ! Bien sûr, nous nous assurerons qu'aucun de vous ne sera épargné, faibles que vous êtes pour porter ne serait-ce qu'un seul titre. Autant vous alléger de ce poids en vous délestant du titre de champion suprême, ouh ouh ouh !"

Un rire démoniaque retentit soudain derrière l'homme. Noire s'extirpe de l'ombre de Gilles, batte barbelée en main, et fixe intensément la caméra.

- "Mes p'tits jouets marins, pensez pas que gagner contre nous ça va suffire. On s'ra toujours là pour vous en foutre plein la gueule ! On s'incrustera quand même au Only One Survive et on cassera tous les jouets d'dans ! La fiesta du sang ! Occupez-vous bien d'vos petites affaires, pour qu'on s'occupe de vous fracasser le crâne là vous vous y attendez pas ! Chocolat Suisse, j'viens pour toi, mon mignon ! On s'en mettra plein la panse, on s'foutra joyeusement sur la tronche ! Et j'te casserai en deux, pis en quatre, pis en huit tout en dansant la gigue !"

Noire colle son masque rouge contre l'objectif en un très gros plan.

- "VOUS ! ETES ! PAS ! SAUF ! BAM BAM ! TOUS CASSES, MES JOUETS ! Rendez-vous à Honor & Glory, mes petits jouets !"
- "En temps et en heure, ma chère Noire, ouh ouh ouh ! Maintenant, si vous me le permettez, je vais disposer de notre cher ami caméraman."
- "Ouiii ! Bim bam ! L'humain va prendre cher !"

Et lorsque Noire s'éloigne de la caméra, c'est pour mieux laisser Gilles balancer un monstrueux coup de canne sur l'objectif, coupant court à la vidéo.

Le fracas d'un marteau frappant le métal chauffé à blanc sur une enclume.
Des étincelles giclant de chaque lourd impact.
La chaleur suffocante d'une forge jusqu'alors abandonnée.

Trois silhouettes noires. Derrières elles, les crépitements de la fournaise.
L'une, petite, au masque rouge, inquiétante, démoniaque.
L'une, svelte, au masque blanc, souriant, moqueur.
L'une, massive, au masque gris, fier, orgueilleux.

Gilles : Mes chers agneaux, nous nous sommes bien amusés. La FGB est un cirque au spectacle des plus délectables, ouh ouh ouh ! Vous aimez chercher querelle pour de futiles broutilles. Vous adorez manigancer des plans pour obtenir ce que vous désirez. Vous êtes à ce point aveuglés par votre vanité toute humaine que vous ne voyez pas le mal qui vous entoure. Vous, mes chers agneaux, êtes ce mal. Vous en êtes affectés. Mais ne vous inquiétez pas, bientôt vous serez purifiés, ouh ouh ouh ! Monsieur Lyne ne tardera pas à vous saluer. Et lorsque ce moment viendra, alors vous pouvez pleurer, crier, hurler, quérir toute l'aide que vous voulez, car vous serez bien seuls face au Chaos arrivant à grands pas. Nous en avons semé les graines de la Discorde. Nous avons brisé les portes du Temple pour recouvrir ce sol du terreau de la Destruction. Regardez vous, ouh ouh ouh ! Voyez à quel point vous gesticulez, vous vous pavanez pour des futilités. Vous ne voyez rien, obnubilés par votre égoïsme. Soyez rassurés, mes chers agneaux. La fin de la FGB comme vous l'avez connue arrivera très bientôt.

Gigante : Aha ! Groupez-vous, messires luchadorrrrrrrs ! Faites face à EL NOVENOOOOOOO GIGANTEEEEEEEEEEEE ! Vous ne serez pas de trop pour me divertir séant ! Unifiez-vous ! Faites front ! Et je vous l'assure, je viendrai relever votre défi de belle manière : en fonçant dans le tas ! Aha ! Amenez-vous, messires luchadorrrrrrrs ! Faites-moi donc la joie de vous jeter dans la bataille ! Ne retenez aucun de vos coups ! J'aime cela ! J'aime la fureur du combat ! La souffrance que je vous inflige extasie tous les muscles de mon corps de luchadorrrrrrr ! Aha ! Bientôt sera votre fin ! Bientôt un nouveau commencement ! Alors en attendant, venez, messires luchadorrrrrrrs ! Venez donc affronter EL NOVENOOOOOOO GIGANTEEEEEEEEEEEE !

Noire : Ahahahah ! J'me suis bien amusée, les p'tits jouets ! J'ai adoré vous briser, vous humilier, vous détruire, vous déchiqueter. Mais j'en veux plus, j'en veux toujours plus ! Alors j'viendrai quand vous vous attendrez le moins. J'vous fracasserai le crâne. N'importe qui, n'importe où, j'frapperai qui j'veux, quand j'veux, au hasard. Parce que j'aime vous voir plier de douleur. J'aime vous voir aboyer votre malheur. J'aimais la vue d'votre sang sur mon ancienne batte. J'vais adorer la vue d'votre sang sur ma nouvelle arme. Cachez-vous, que j'vous retrouve. Priez, suppliez, vous n'y trouverez rien d'plus que votre misère. Courez, p'tits jouets. Jouez avec moi, que je vous attrape, que j'vous torture, que j'vous fasse crier ! Ahahahah ! AM'NEZ-VOUS ! V'NEZ M'CHERCHER DES NOISES ! QUE J'VOUS CASSE TOUS LES MEMBRES, P'TTIS JOUETS ! Comme toi, mon toutou d'amouuuuur ! Tu m'manques, t'sais ! Comme t'étais mignon quand tu rampais à quat' pattes. Adorable quand tu m'léchais les bottes. Ca t'dis pas d'revenir, mon chienchien ? Tu s'ras bien à ta place... A LA NICHE, SALE CABOT ! TU BOUFF'RAS LES RESTES ! TU CHIERAS PAR TERRE ! J'TE R'TROUV'RAI, SALE CABOT ! Ahahahah ! Et toi, Rouge. Toi. TOI ! Tu as pris mon jouet favori. MON ! JOUET ! Tu veux not' peau, hein ? Viens nous trouver, si tu l'peux. AVEC MA BATTE ! REND-MOI MA BATTE ! ELLE EST A MOI, SALE MORVEUSE ! J'TE CASSERAI EN MILLE MORCEAUX ! J'TE FERAI BOIRE TON PROPRE SANG ! J'TE FERAI BOUFFER TA PUTAIN D'TIGNASSE ! J'TE DEFIGURERAI TA FACE ! Comme ça, ton chéri Luther te r'connaîtra plus jamais. Enfin s'il s'réveille un jour, ahahahah ! Ta chère Arya te r'connaîtra pas quand tu la r'joindras. Ah oui, c'est vrai... ELLE NON PLUS A PLUS D'VISAGE ! AHAHAHAH !

Gilles : Ma chère Rouge, tu souhaites porter le malheur sur nous, simplement parce que tu as échoué dans ta quête. Avide de te venger de Legion. Mais Legion n'est plus. Luther ne sera bientôt plus. Tes chers amis tomberont un à un. Mark Gaillard, paix à son âme, n'en est que le premier. Es-tu obsédée par la vengeance au point de ne pas voir le malheur que tu propages à ton entourage ? Qui sera le suivant ? Cette chère Melina, à la carrière florissante de chanteuse ? A cette pétulante Christie, qui mène une vie loin de toi ? Quid de Rorry, sur la pente de la rédemption ? A moins que tu ne préfères Mask Marvel, celui sur qui repose tous ces maux dont tu l'accuses ? Résous-toi à voir la réalité telle qu'elle est, ma chère amie : Néron n'est pas l'ennemi, ici. Ni nous, les Eveillés. Au contraire, nous sommes ceux qui t'ouvriront les yeux sur la vérité : tu es le mal qui ronge la FGB. Tu penses avec toute la sincérité qui te caractérise être l'Elue de cette compagnie. Celle qui l'amènera à la lumière en combattant l'Ombre. Cruelle désillusion quand tu comprendras que tes actions que tu crois justes ne sont que le fruit d'une tromperie qui te dépasse. Tu es Rouge, tu es celle qui amènera cette compagnie à la ruine. Et nous sommes là pour ton salut, ouh ouh ouh ! Toi aussi, tu seras guérie.
Un transpercera de sa lance sacrée l'Elu
Pour les arroser du sang du Désespoir."

Le fracas du marteau s'essoufle.
Les étincelles s'étiolent.
Rien d'autre que le froid.

La Lance forgée du mal frappera bientôt.

- "Putain de bordel de merde ! Je vais m'le faire ! Je vais le casser en morceaux ! Je vais le piétiner jusqu'à ce qu'il gerbe du sang par les naseaux ! Je lui arracherai les dents un à un ! Je vais le noyer dans un tonneau d'alcool ! J'VAIS CASSER CE JOUET DE MURRAY ! J'VAIS DETRUIRE C'T'ORDURE D'ARBITRE !"

Si vous doutez encore de l'identité de la personne en train de s'en prendre violemment et verbalement à un mannequin en bois grossièrement rafistolé et badigeonné de rouge, affublé d'une chemise rapiécée à rayures noires et blanches, alors ne doutez plus. Il s'agit bien de Noire, hystérique, colérique, excédée, s'acharnant sur le punching bag improvisé avec son morceau de bois clouté qui ne la quitte plus depuis la perte de son joujou fétiche. Non loin de là, adossé sur le seuil de la seule porte de la pièce, un grand et mince gaillard, lui aussi masqué, tout de noir vêtu, muni d'un chapeau haut de forme et d'une canne qu'il fait tournoyer habilement de la main. Lui reste calme malgré la fureur de sa volcanique comparse.

Gilles : "Ma chère amie, vous aurez tout le temps de vous distraire au Rumble, avec tous les outils à votre disposition pour ce faire, ouh ouh ouh !"
Noire : "Occupe-toi d'tes affaires, m'sieur Gilles ! Va plutôt r'prendre ta ceinture à ces stupides jouets !"
Gilles : "Une remarque fort intéressante venant d'une personne qui détenait une de ces babioles il n'y a pas si longtemps que cela. Pourquoi diable ces "ceintures" vous intéressent tant, ma chère ? Ce ne sont pourtant que des lanières de cuir affublées de plaques en toc, ouh ouh ouh !"
Noire : "C'attire les imbéciles qui les veulent. Et ça veut dire plus de jouets à CASSER !"
Gilles : "Et si elles n'existaient pas ?"
Noire : "Hein ?"
Gilles : "Si ces ceintures, ces "titres" n'existaient plus, que resterait-il de cette fédération ?"
Noire : "Rien à foutre. Ca m'empêche pas d'casser les jouets d'la fed. Ils sont débiles à s'taper d'ssus pour des ceintures."
Gilles : "Ces chers agneaux ont besoin d'un symbole personnifiant leur gloire. Ils ont besoin de s'accrocher à quelque chose de matériel pour s'élever. S'ils savaient à quel point ils se fourvoient dans leurs idéaux ridicules, ouh ouh ouh !"

Une silhouette apparaît derrière l'homme au masque blanc. Fine et assez petite, au genre non-défini, visage lui-aussi caché par un masque d'un bleu sombre.

Gilles : "Qui a-t-il, man cherx Lin ?"
Lin : "Noire. Gilles. J'apporte un message de Monsieur Lyne."

L'individu tend vers l'homme une enveloppe noire scellée d'un sceau de cire blanche en forme de masque. Gilles prend le temps de l'ouvrir et d'en lire le contenu. Aucune expression ne semble transparaître dans sa gestuelle lente alors qu'elle remet la lettre dans l'enveloppe avant de la glisser dans la poche de sa redingote. Noire s'était approchée entre-temps pour lire la lettre avec son comparse.

Gilles : "Ainsi, elle a décidé d'agir. Intéressant."
Noire : "P'tain ! On peut pas la chopper nous-mêmes ? C'ira plus vite !"
Lin : "Non. Vous avez vos directives. Monsieur Lyne compte sur vous pour les respecter à la lettre, et à temps. Il doit être opérationnel pour OMEGA XVI."
Noire : "Pfeuh ! J'préfère quand c'est M'sieur Godfrey qui…"
Lin : "Oses-tu douter de Monsieur Lyne, Noire ?"
Noire : "Nan. Juste que M'sieur Godfrey est plus amusant. C'tout. Lui au moins m'fournit des jouets."
Lin : "Bien."
Gilles : "Au fait, l'est où Ego ?"
Lin : "A la forge, avec Gigante. Nous allons repartir dans exactement dix minutes. Je te conseille de te dépêcher si tu veux lea voir."
Noire : "T'devrais sortir le manche à balai qu't'as dans l'cul, Lin. T'serais plus vivable."
Lin : "Je n'ai pas de manche dans man scrotum. Je l'aurais senti."
Noire : "Rha, tu m'énerves ! J'me casse !"

La furie se précipite vers la sortie, bousculant au passage Gilles et Lin sans vergogne, au grand amusement du premier. Lin, iel, demeure imperturbable.

Gilles : "Nous allons devoir accélérer la cadence si je comprends bien. Monsieur Lyne a-t-il mentionné l'identité de la cible ?"
Lin : "Non. Il vous le communiquera en temps voulu."
Gilles : "Soit. En attendant, vous prendrez bien un peu de ce succulent cognac, ouh ouh ouh ! Il vous fera chanter les papilles !"
Lin : "Ridicule. Les papilles ne chantent pas."
Gilles : "Hum, man cherx Lin, un jour je t'apprendrai les subtilités de ce monde."

Il fait noir par ici. Enfin presque. Une projection de lumière dévoile une silhouette assise sur une chaise, le dossier tourné vers la caméra braquant l'individu tout de noir vêtu. Seul le masque qu'arbore ce dernier détonne par rapport à son attirail, d'un rouge sang, orné d'un dessin représentant un semblant de visage. Deux croix noires en guis d'yeux, et un sourire difforme tout droit sorti d'un asile d'aliéné. Saisie de manière nonchalante, ce qui semble être une ceinture de championnat. Il ne fait aucun doute, il s'agit de la désormais nouvelle championne Suprême, Noire.

- "La s'maine dernière, j'me suis bien amusée. A vous voir tous échouer à prendre ce titre des mains d'un rigolo d'service, alors qu'il m'a suffi d'une tentative pour l'lui prendre des mains de la manière la plus humiliante possible. Ah, Marvel, t'aurais dû voir ta gueule quand t'es rendu compte qu'ton précieux titre s'est envolé. P'tait fallait voir ta tronche quand j't'ai rivé les épaules avec un petit paquet ! JUSTE UN PETIT PAQUET ! Alors que t'étais plus frais qu'moi, t'as même pas réussi à garder ton précieux joujou avec tes super copains dans l'parages ! Moi qui croyais qu't'étais l'Elu de la FGB, t'es en fait comme les autres : une lopette bonne à ramper dans son propre sang ! Un jouet de plus à casser en mille morceaux ! UNE SOMBRE MERDE !"

Elle se met à s'esclaffer, d'un rire strident, quasi démoniaque, témoignant de l'image de folle à lier psychopathe qui lui colle à la peau.

- "T'es pas l'seul à t'casser les dents à tenter d'éliminer, Not-So-God Marvel. Coucou Elena et tes sous-fifres à boobs ! Chuis sûre que t'es en train d'grincer d'dents là, à m'voir avec ce précieux titre qu'tout l'monde veut porter, hein la Rouge ? C'fait quoi de t'planter lamentablement à trois contre moi ? HEIN ? C'FAIT QUOI DE T'CHIER D'SSUS D'VANT MOI, HEIN ? Ah c'beau qu'tes comparses s'amènent pour t'prêter main forte. Ah c'beau que l'public EXULTE face à c'retours ! Mais ils ont fait quoi, tes potes, HEIN ? RIEN DU TOUT ! D'LA MERDE EN BOITE, CES RETOURS ! Vous êtes pathétiques, les femmelette ! Même en équipe, vous n'valez RIEN face à moi ! Et v'savez quoi ?"

Après un nouveau rire à en donner des frissons aux âmes les plus sensibles, elle se penche en avant, approchant son faciès masqué devant l'objectif.

- "J'en ai rien à foutre de c'te ceinture de pacotille. Mais vous voir tous tenter de l'prendre pour finir par ramper au sol sans l'avoir, j'en rigole ! P'TAIN J'M'ECLATE A VOIR VOS SALES TRONCHES D'FAIBLES ! Mais t'sais quoi, "Gode" Marvelle, j'tellement rigolé d'vant l'spectable désolant d'ta prestation ridicule à OMEGA XVI que j'veux t'voir essayer d'nouveau... pour t'voir encore plus t'viander APRES QUE J'TE BRISE TOUS LES OS D'TON CORPS D'FAIBLE ! C'est ça votre "dieu" ? Votre "héros" ? Ah ah ! AH AH AH AH ! Mais quelle arnaque ! Et vous avez TOUS perdu face à lui et ses larbins ? AH AH AH AH mais c'est quoi cette fédération de bras cassés ?"

D'un coup, après une nouvelle salve d'esclaffe, elle claque des doigts. Et la lumière soit, révélant le décor dans lequel elle se trouve. L'instant d'après, elle se redresse brusquement, balançant sa chaise d'un coup de pied violent, l'envoyant valdinguer, passant près de la caméra qui tremble en cet instant. Autour d'elle, une énorme structure métallique aux parois rouillés par le temps. Quatre compartiments, certains aussi opaques que les ténèbres, d'autres partiellement nimbés d'une pâle lumière.

- "Tu t'souviens d'ça, Marvel ? Tu t'souviens de la déculottée qu't'as pris à l'intérieur de ça ? Tu t'rappelles comment ton super pote KRONOS t'as mis plus bas qu'terre en traître ? Ton soi-disant coéquipier qui trouv'ras toujours une occasion pour t'la mettre à l'envers, comme toujours ? C'est un joli joujou qu'j'ai trouvé dans un entrepôt désaffecté où on balance les trucs qu'la FGB utilise plus. Une bien jolie cage qu'IL avait concocté rien qu'pour toi. T'sais quoi, MERDE-VEL ? Si t'tiens vraiment à récupérer c'te ceinture à MAGIKA, alors j't'attends... dans le DARK CHAMBER ! Le dernier debout dans c'te cage aura l'titre. Si t'reste encore un peu d'cran, alors t'VAS accepter pour qu'tu r'cupères ta précieuse ceinture. Oh, au fait..."

Sur ces mots, elle dévoile de la pénombre le titre Suprême... brisé en morceaux qui ont depuis été recollés de manière très grossières avec du scotch noir et de la colle par endroits.

- "J'profité pour r'faire l'design d'la ceinture. Elle m'plaît déjà plus comme ça ! Et j'ai aussi légèrement modifié l'cage pour mieux t'accueillir, mon p'tit jouet !"

L'ensemble des parois de l'immense structure, en effet, semble désormais garni de barbelés et autres objets pointus et coupants.

- "J'aimes ma déco, Moins-Que-Marvel ? C'tombe bien, c'la dernière chose qu'tu verras... QUAND J'T'AURAI BRISE TOUS LES OS ! C'que t'as subi à OMEGA XVI, c'est d'pipi d'chat comparé à c'qui t'attend à MAGIKA ! Prépare-toi, Marvel... PARCE QU'TU R'PARTIRAS LES PIEDS D'VANT, P'TIT JOUET !"

Une dernière crise de rire à en foutre les jetons, avant que la caméra ne subisse un violent et abrupt assaut de Noire, coupant net l'image.

Dans les sous-sols de Kronos City, nombre de mystères rôdent. Certains inexplicables, d’autres à l’état de mythes ou de légendes urbaines. Dans ces couloirs sombres et désolés, un groupe d’individus avaient peu à peu aménagé tout un territoire fait de brics et de brocs, de portes et de murs, de pièces et de cachots. Nul ne sait encore ce qu’il s’y passait tant les visiteurs téméraires évitaient cet endroit qu’on disait dangereux pour qui s’y aventurait sans précautions. On y entendait des rires à vous glacer le sang, des ombres gigantesques hantaient les parois moites de ces corridors aux allures de catacombes.

L’image montre peu à peu ce dédale de couloirs, jusqu’à une porte en fer donc la paroi ne présentait aucun signe de rouille. Cette porte s’ouvre, laissant peu à peu apparaître une pièce uniquement éclairée par une ampoule suspendue à un câble électrique, grésillant par moments en baisses éparses de tension. La salle en elle-même n’était pas bien grande, peu décorée à part une table rapiécée et des chaises métalliques usées par le temps. Au fond de la salle, des barreaux en acier, une porte de fer semblable à celles ornant les cellules d’une prison.

Assise sur une chaise, une silhouette toute vêtue de noir et de rouge, dont le masque de démon ricanant dissimulait entièrement le visage. A en juger par ses formes, il s’agit d’une femme, petite en taille, mais bien faite, d’allure sportive, et tenant en main une batte noire bardée de barbelés de fer qu’elle fixe avec une contemplation maladive. Des mouvements de l’autre côté de la salle trahit la présence d’une autre personne dans la pénombre, au fond de la cellule, entravée par de solides chaines métalliques. Debout, immobile, une grande femme aux longs cheveux rouges, athlétique, au regard féroce. Marquée par la fatigue et les coups reçus, elle se tient pourtant droite et fière, les poings serrés, fixant intensément sa geôlière, n’attendant qu’une occasion de lui tordre le cou.

- Noire : "Enfin, mon précieux et revenu ! Ah ah ! AHAHAHAH ! Tu m'avais manqué, mon p'tit jouet !"
- Elena : "Lâche cette batte, tu ne la mérites pas, enfoirée."
- Noire : "T'es pas en mesure de m'dire quoi qu'ce soit, la Rouge ! T'es à nous, tout ce qu't'as à faire c'est nous obéir au doigt et à l'œil !"
- Elena : "Attend seulement que je me libère..."
- Noire : "Vas-y, essaie ! Mais tu sais c'qui s'passera si tu déroges aux règles, la Rouge."
- Elena : "Je suis pas..."
- Noire : "LA FERME ! Tu parleras que quand j't'y autoriserai ! Sinon…"

La petite sort de la poche intérieur de sa veste de cuir clouté un dispositif d'une forme semblable à une télécommande, avec en son centre un bouton poussoir rouge que Noire caresse du bout du pouce à la vue de la prisonnière.

- Noire : "J'pas b'soin de t'faire un dessin, j'crois."
- Elena : "Je te tuerai."
- Noire : "T'en s'ras pas capable de toute façon. Maint'nant que j'ai mon précieux, j'me sens invincible !"
- Elena : "Lâche ça tout de suite !"

Cet acte de rébellion ne plaît pas du tout à Noire qui se lève d'un coup de sa chaise, la balançant contre un mur par colère. L'Eveillée ne compte pas laisser passer pareil affront impuni. Aussi décide-t-elle d'aller lui rendre une petite visite à l'intérieur de la geôle d'Elena. La clé s'insère dans la serrure, débloquant la porte de la cellule qu'elle ouvre en grand. Face à Elena toujours debout, le regard défiant, la mâchoire de Noire se crispe derrière son masque.

- Noire : "A genoux, Rouge."
- Elena : "…"
- Noire : "J'ai dit A GENOUX !"

D'un coup, la batte s'abat sur le genou de la native de Louisiane, la faisant ployer devant son assaillante. L'autre genou se pose sur le sol crasseux. Mais le regard d'Elena luit encore de cette flamme déférente de la ténacité.

- Noire : "T'fais quoi qu'ce soit qui m'déplaît, Rouge, et j'appuie sur c'bouton. C'ça qu'tu veux ?"
- Elena : "…"
- Noire : "REPOND !"
- Elena : "… non."
- Noire : "Alors t'restes bien sage comme l'petit toutou que t'es et TU LA FERMES !"

Un coup de botte s'écrase sur le poitrail de l'américaine qui s'effondre sur le sol en maugréant. Bien qu'elle ne se défende pas face à son assaillante, les yeux d'Elena ne trahissent pas la sourde colère qui l'anime encore, pure et vivace. Ce qui, encore une fois, déplaît fortement à Noire.

- Noire : "BAISSE LES YEUX !"
- Elena : "…"

Excédée par la défiance de la rousse, Noire s'apprête à fendre l'air de sa batte pour la cogner, mais son geste est arrêté net par l'irruption de deux autres silhouettes derrière elles. De taille identique, seuls leurs masques diffèrent l'un de l'autre. Même les plus observateurs ne peuvent discerner leur genre.

- Lin : "Noire. Vous connaissez les ordres de Mr. Lyne. Nous devons veiller à ce que madame Irons doit être apte à combattre."
- Ego : "Même si cela peut être amusant de voir comment madame Irons se débrouille avec une jambe en moins, hi hi !"
- Lin : "Ce n'est pas ce que j'appelle "apte", Ego."
- Ego : "Ah la la, toujours là pour casser l'ambiance, soeurette !"
- Lin : "C'est ainsi. Veuillez quitter cette cellule, madame Noire."
- Noire : "J'ai pas encore fini de m'amuser avec elle."
- Lin : "Immédiatement."
- Ego : "Voyons, laisse-la encore quelques minutes ! Tu vois bien qu'elle s'éclate ! Dis, madame Noire, je peux jouer avec vous ? Ca a l'air très drôle !"
- Lin : "IMMEDIATEMENT !"
- Noire : "C'va, j'ai compris. Pas la peine d'gueuler. C'bien parce que c'est m'sieur Lyne qui l'veut."
- Lin : "A la bonne heure."

Non sans un regard noir vers Elena, Noire se résigne à baisser son arme et ressortir de la cellule. Mais le regard que lui lance la rousse, et surtout ce sourire en coin, poussa Noire à revenir lui balancer une grosse droite dans la face d'Elena.

- … : "Il suffit, Noire ! Sors de cette cellule et laisse notre invitée se reposer !"

Cette voix était différente des autres. Différente de celles des Eveillés. Plus calme, plus posée, voire sereine. Elle vient de derrière la porte de la salle, fermée.

- … : "J'ai pourtant été assez clair, Noire. Rouge est importante dans nos plans, il est donc inconcevable de la voir ainsi malmenée."
- Noire : "Bien m'sieur. Désolée m'sieur."

Bien qu'une sourde colère anime la petite Eveillée, elle s'exécute et s'extirpe de la cellule, laissant Elena seule enfermée dans sa geôle. D'un coup de pied rageur, elle envoie balader contre le mur une autre chaise avant de sortir de la salle, refermant la porte derrière elle. Ego et Lin ramassent les chaises et s'y assoient, ignorant la prisonnière.

- Ego : "Monsieur Lyne pourrait quand même être plus indulgent avec madame Noire. Elle ne faisait que s'amuser avec notre hôte !"
- Lin : "Nul ne doit interférer avec ses plans, Ego. Toi-même, tu dois le savoir."
- Ego : "Ouiiii mais un peu de fun ne fait jamais de mal à personne !"
- Lin : "C'est ainsi."
- Ego : "Pfff, tu peux faire un peu preuve d'humour pour une fois, Lin !"
- Lin : "Je n'en suis pas intéressée."

Le dénommé Ego se tourne un instant vers la prisonnière se remettant debout, le genou endolori. Et se met à rire de manière brève.

- Ego : "Ne vous inquiétez pas, madame Rouge ! Vous allez bientôt être libre, comme nous ! Monsieur Lyne vous accueillera entre ses bras et vous serez bien avec nous !"
- Elena : "Allez au diable."
- Lin : "Je ne vous le conseille pas. Il ne s'est pas encore manifesté, mais croyez-moi sur parole : il vaut mieux pour vous de ne jamais le rencontrer."
- Ego : "Oh non ! Monsieur Godfrey n'est pas du tout gentil comme monsieur Lyne ! Pas du tout du tout !"
- Lin : "Reposez-vous, madame Rouge. Vous en aurez besoin."
- Elena : "Je ne suis pas..."
- Lin : "Si, vous l'êtes. Vous aurez beau le fuir, ce nom est le vôtre depuis toujours."
- Elena : "Allez vous faire foutre !"
- Lin : "Je n'en ai pas l'utilité."
- Ego : "Lin… c'est une expression."
- Lin : "Expression ou pas, la conclusion est la même."
- Ego : "Rabat-joie."

Les Eveillés au grand complet s'étaient regroupés dans une salle plongée dans la pénombre, aux murs fabriqués à partir d'amalgames de ferraille rouillée, de cuir séché et de pierres usées. Au devant de la scène, un homme au masque blanc semblable à une tête de mort, une moitié de face plus sombre que l'autre. Derrière lui, amassés de manière hétéroclite, les autres membres du groupe. Noire, à l'allure rebelle, accroupie par terre en fixant avec une intensité malsaine la caméra. Gilles, stoïque au port altier avec son haut-de-forme. El Noveno Gigante, les mains jointes en une ferveur martiale. Longienus, surplombant l'assemblée par sa taille, derrière tous les autres, immobile. Ego et Lin, de part et d'autre de la bande, l'un-e à l'allure dégingandée autant qu'amusée, l'autre aussi rigide que sa posture quasi-militaire. Devant, une sorte d'autel construit avec un amalgame de pièces détachées de bois, de métal et de cailloux. Sur celui-ci, une batte noire auréolée de fils barbelés.

L'homme au centre fit un signe de la main vers Gilles, qui s'avança d'un pas, et prit la parole.

- Gilles : "Six s'éveillent à l'appel de l'Unique. Deux se sont faufilés au sein du Temple pour semer les graines de la Discorde. Un a brisé les portes du Temple pour les recouvrir du terreau de la Destruction. Deux ont détruit la garde du Temple pour les nourrir de l'engrais du Malheur. Un a transpercé de sa lance sacrée l'Elu pour les arroser du sang du Désespoir. Et de ces graines naîtra le Grand Eveil."

Il fit une pause, laissant aux spectateurs le loisir de s'imprégner de ces mots.

- Gilles : "Beaucoup d'entre vous se posent encore ces questions. Qui sommes-nous ? Pourquoi sommes-nous là, au sein de ce Temple ? Nous vous avions pourtant laissé le plus clair des indices dès notre arrivée en ces lieux, ouh ouh ouh. Notre intention a toujours été d'une limpidité de cristal. Nous sommes libres. Nous laissons libre cours à cette liberté pour semer le chaos parmi vous. Car du chaos naîtra toujours un nouvel ordre. Une renaissance. L'Eveil non seulement de votre esprit, mais aussi de votre corps, de votre existence même, ouh ouh ouh ! Et vous, mes agneaux, vous êtes aussi endormis que des souches de bois pourrissant de l'intérieur. Des êtres soporifiques alignant les pas sans vous demander pourquoi vous le faites. Des êtres trop occupés à agir en société, à penser de concert alors que l'individu veut s'arracher de cette existence infecte. Nous sommes ici pour vous sauver, pour vous extirper de de la médiocrité de votre existence. Et ceci, mes agneaux, est le symbole des mes propos."

Il désigna de la main l'arme gisant sur l'autel.

- Gilles : "Il nous importe peu de vaincre ou de tomber, car tout sert notre quête. Vous pouvez dresser une armée face à nous, il en sera de toute façon vain. Nous procèderons au Grand Eveil quoi qu'il arrive, car nous ne sommes pas Legion."

Se plaçant aux côtés de Mr. Lyne, Gilles place ses mains jointes au niveau du ventre, face caméra.

- Gilles : "Rouge, ma chère amie. Ton obsession est vaine car Legion n'est pas parmi nous. Tu persistes à voir en nous leurs suppôts, mais en réalité, tu ne sais rien de nous. Tu es comme tous les autres agneaux : endormie, en plein rêve, tentant de donner un sens à ta pauvre vie. Tu ne pourras repousser ta profonde identité, Rouge. Tu ne pourras indéfiniment écarter ton passé, ce feu intérieur qui te consumera tôt ou tard. Peu importe ce que tu peux dire, tu es Rouge, mère d'une tare corrompue par la créature hantant tes plus sombres rêves. Et pourtant, tu refuses, à jamais enchaînée par l'obstination de convictions déplacées, faussées par cette combativité maladive qui t'habite. Ne vois-tu pas à quel point tu glisses dans les méandres d'un chemin tracé par ceux que tu hais le plus ? Recule, et regarde. Ainsi, tu verras d'un oeil nouveau ta propre tromperie, ouh ouh ouh. Quant à lui..."

L'homme caressa du bout des doigts l'autel où repose la batte tristement nommée Bloody Mary.

- Gilles : "Qui saura dire la vérité ? Sommes-nous responsable de sa disparition ? Ou avons-nous saisi l'opportunité de nous approprier cet artefact ? Nous te laissons dans le brouillard de l'incertitude, ma chère Rouge. Car seul notre objectif compte, et ces doutes qui t'assaillent, ces interrogations engloutissant ton esprit nous aident à distiller tensions et discorde ravageant le Temple. Qui sait, Luther repose-t-il au sein de l'oubli duquel il n'aurait jamais dû partir. Peut-être se cache-t-il de ton regard surprotecteur. Peut-être même est-il ici, parmi nous, ouvert à l'Eveil. Continue donc de t'opposer à nous, ma chère Rouge. Continue de t'enfoncer dans les sombres miasmes de la vérité. Entraîne donc les nièces de Luther dans ton sillage, ouh ouh ouh ! Alimente le bûcher du chaos et participe à notre jeu."

Gilles penche légèrement la tête de côté, légèrement penchée en avant, lui donnant une allure inquiétante.

- Gilles : "Lestat. Titan. Mes chers agneaux. Que nous vaut cette intervention disproportionnée, au juste ? Souhaites-tu également t'Eveiller ? Sois assuré de vous accorder moi-même le regard de votre bêtise. Pourquoi cherchez-vous la rédemption en voulant gagner le pardon de ceux qui vont sombrer ? Il est futile d'arpenter ce chemin qui ne vous mènera nulle part, mes chers agneaux, ouh ouh ouh ! Cherchez-vous aussi de vaines réponses en nous affrontant ? Peu importe le but caché de votre action, à Gigablast, je vous enseignerai une leçon primordiale, une leçon que vous n'oublierez pas de sitôt : quoi que puisse être l'issue de notre affrontement, vous sentirez l'amertume d'une défaite inévitable."

Gilles adressa alors une révérence appuyée, avant de se replacer derrière son leader. Celui-ci fixa la caméra en silence. Avant qu'un léger rire le brise le silence.

- Mr. Lyne : "Nul n'arrêtera l'Eveil. Surtout pas vous, le bétail."

Un coup de bâton sur le sol pierreux, et l'image se coupe.